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Appel à communicationUn long Moyen Âge ? Décloisonner la période médiévale (9-10 mars 2023) [Télécharger l'appel au format pdf] Après l’édition fribourgeoise en 2022, les Journées d’étude des Jeunes Chercheurs Médiévistes reviennent à l’Université de Genève. Elles se tiendront cette fois-ci uniquement en français. Avec Jacques Le Goff, l’idée d’un « long Moyen Âge » est venue bousculer les limites temporelles usuellement établies par l’historiographie. Elle prend sa source dans les travaux de Fernand Braudel sur la périodisation, les temps de l’Histoire et la notion de « longue durée ». Depuis, les chercheurs et les chercheuses qui ont travaillé sur cette notion ont empiété tantôt sur l’Antiquité tardive, tantôt sur la période moderne, à l’instar des historiens qui se sont intéressés à la transformation des identités entre l’Antiquité et le Haut Moyen Âge (Coumert) ou qui ont observé les rémanences de la société féodale au XVIe siècle (Baschet), des historiens du théâtre et des littéraires qui ont étudié le maintien de pratiques théâtrales médiévales jusqu’au XVIIe siècle (Chocheyras, Doudet, Bouhaïk-Gironès, Koopmans et Lavéant,) ou des philosophes qui ont analysé l’existence d’une seconde scolastique à l’époque moderne (Miner). Cependant, cette idée provoque aussi des réticences. Ainsi, l’historien spécialiste de la Renaissance Jean-Marie Le Gall affirme que : « la médiévistique est partagée entre la tentation de faire durer le Moyen Âge longtemps, très longtemps, parce que la Renaissance serait artificielle et superficielle, et celle de le moderniser précocement afin de cerner la genèse médiévale de la modernité. Et pour ce faire, elle a recours paradoxalement à la notion de Renaissance puisque certains défendent l’existence de renaissances médiévales. Ainsi donc la Renaissance n’existe pas mais elle a plein de rétroprojections au Moyen Âge où naît déjà l’individu, le capitalisme, l’humanisme et la modernité. Étrange paradoxe que celui qui voit une notion inventée pour déprécier le Moyen Âge être récupérée pour le rénover tout en clamant que la Renaissance n’existe pas ![1] » L’objectif de ces Journées sera donc de questionner les pratiques, techniques, conceptions, mentalités, motifs, porteurs d’une ouverture et d’un « décloisonnement » tant en amont qu’en aval de ce qu’on a longtemps défini en négatif comme une époque intermédiaire. Cette mise en perspective est par nature interdisciplinaire et intégrera donc des communications relevant de domaines variés tels que l’histoire, l’histoire de l’art, la littérature, la musicologie, la philosophie, la linguistique ou encore la philologie. Celles-ci se focaliseront sur des considérations de durée en rapport avec le Moyen Âge occidental. Ce colloque souhaite mettre au centre de ses réflexions plutôt l’ouverture temporelle que l’ouverture spatiale qui reste par ailleurs mieux traitée. Il ne vise pas non plus à interroger les représentations médiévales au sein du monde contemporain dans une perspective de médiévalisme, mais plutôt à rendre compte d’objets spécifiquement médiévaux qui transgressent les limites temporelles canoniques et regardent soit vers l’Antiquité soit vers la modernité. Dans ce but, les communications pourront interroger ce qui fait que ces éléments de longue durée sont spécifiquement perçus comme des phénomènes « médiévaux ». Est-ce parce qu’ils naissent au Moyen Âge ou au contraire s’y achèvent ? Est-ce parce qu’ils présentent un aspect jugé « médiéval », que ce soit par les spécialistes ou un public plus élargi ? La longue durée paraît induire des adaptations ou des transformations dans la continuité des pratiques ou des idées. Ces modifications sont-elles minimes ou conséquentes, fortuites ou réfléchies, temporaires ou définitives ? Devons-nous les considérer comme des points de rupture ou de simples évolutions, voire de transitions ? Ces évolutions, temps courts au sein du temps long, remettent en question la périodisation par siècle et les temps traditionnels de l’Histoire. C’est notamment le cas de l’« Antiquité tardive », qui peut s’étendre jusqu’au VIIIe siècle, et du « long XVe siècle », qui déborde sur la modernité. Qu’est-ce que ces notions viennent apporter à la perception « classique » des bornes temporelles du Moyen Âge ? Quels dialogues instaurent-elles entre les périodes ? Pouvons-nous les considérer comme des temps de transition ou comme des micro-périodes possédant leur propre cohérence interne ? Enfin, nous pourrons traiter des rapports qu'entretient le Moyen Âge avec la Renaissance. Faut-il simplement le considérer comme une époque intermédiaire à laquelle la Renaissance fait de l’ombre ? Les médiévistes vont à l’encontre de cette idée, mais réinvestissent le terme de « renaissance » pour décrire des étapes ayant rythmé la période médiévale telles que l'époque carolingienne ou le XIIe siècle, comme le rappelait Jean-Marie Le Gall. Nous pourrons réfléchir à cette apparente contradiction et faire émerger un dialogue à partir de l’exploitation de ce même terme dans une perspective de renaissances plurielles. Nous invitons toutes les jeunes chercheuses et tous les jeunes chercheurs à nous faire parvenir leur proposition de contribution en français, d’une demi-page environ, accompagnée de renseignements pratiques (statut, institution de rattachement, domaine de recherche), en format PDF, d’ici au lundi 31 octobre 2022 à l’adresse jcm2023@sciencesconf.org. Ces Journées donneront lieu à une petite publication, qui consistera en un abstract élargi de 2000 à 2500 mots par communication (bibliographie non incluse), et qui sera mise en ligne sur une archive ouverte pour créer un recueil des actes du colloque. Ces abstracts – demandés dans un second temps – devront être fournis en amont (courant du mois de janvier) et les actes seront publiés quelques jours avant le début des Journées d’étude. [1]Le Gall Jean-Marie, Défense et illustration de la Renaissance, Paris, 2018, p. 27.
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